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La Traction fantôme

18 juin 2006

4ème partie : Et le ciel s’assombrit

La jeunesse d'OPJ - Oreste-Paul Janfoutre - Par Trebor Yles

Ce matin là, comme tous les matins, Aglaée Janfoutre, la mère d’Oreste-Paul, après le départ de son fils pour le cours complémentaire, pénétra dans la chambre de son fils pour refaire le lit. Oreste-Paul venait d’avoir 14 ans et s’apprêtait à passer son certificat d’études primaires dans quelques semaines, ce qui lui permettrait de quitter l’école où il ne brillait pas beaucoup par l’intérêt qu’il apportait à l’enseignement qui lui était donné.

Ce matin là, il s’était présenté dans la cuisine avec un air bizarre, comme surpris et satisfait à la fois des rêves ou des cauchemars de la nuit mais comme il était un taiseux, il ne s’en ouvrit pas à ses parents qu’il n’embrassa qu’au moment de partir avec son cartable.

Ce matin là, donc, Aglaée entreprit de faire le lit d’Oreste-Paul. Ayant rejeté drap de dessus et couverture au pied du lit, elle s’attaqua au drap de dessous pour le retendre. Elle découvrit alors que son fils était devenu un homme. Satisfaite par cette découverte, elle se cabra brusquement et son visage s’assombrit. Elle se rappela sa promesse faite 14 ans plus tôt. Elle devait parler à Oreste-Paul.

Ce soir là, au retour du cours complémentaire, Aglaé alla rejoindre Oreste-Paul dans sa chambre, non pour l’aider à faire ses devoirs comme tous les soirs, mais pour lui raconter ce qui s’était passé 15 ans auparavant.

Ce soir là, elle lui expliqua que si pour l’état civil Oreste-Paul Janfoutre était le fils légitime d’Hilari Janfoutre et d’Aglaée Taillet, il n’en était rien dans la réalité. En effet, malgré une assiduité qu’elle lui reconnaissait bien volontiers, Hilari n’était jamais parvenu à la rendre mère. 

Ce soir là, elle lui révéla qui était son véritable père, celui qui le conçut par une belle nuit d’automne.

Cette nuit là, Hilari Janfoutre, redresseur de ressors, était retenu depuis quelques jours sur un chantier à l’autre bout du pays et Aglaé, alors lavandière s’était placée comme vendangeuse pour se procurer un peu d’argent supplémentaire. Cette nuit là, comme toutes les nuits passées sur le domaine, Paul Emick, un beau gars d’1m80 faisait rêver les fille, en prélevant une pour l’initier à une autre forme de grapillage. Cette nuit là, l’élue fut Aglaée, qui, au moment crucial s’entendit crier Oh reste … Paul, alors que celui-ci s’apprêtait, comme à l’accoutumée, à effectuer un replis stratégique. Cette supplique interrompit son mouvement. 

Cette nuit là Aglaée devint mère.

Ce jour là, quelques semaines plus tard, constatant les effets de cette nuit de bonheur, Aglaé dut informer Hilari de son état. A sa grande surprise celui fut ravi de l’annonce et fit promettre à sa femme de ne révéler cet état de fait qu’une fois Oreste-Paul devenu homme. Ce qui venait de ce produire.

Ce soir là, à la découverte de la vérité sur sa naissance, Oreste-Paul, grand échalas d’1m75 se vouta brutalement, comme si le poids du monde reposait soudainement sur ses épaules. Il se mit à réfléchir. C’était vrai aussi que blond aux yeux amande il avait peu de ressemblance avec Hilari petit (1m65), assez rond et brun aux yeux gris.

Cette nuit là, il n’eut aucune nouvelle manifestation de son nouvel état, tant il fut traversé d’images contradictoires.

Au petit matin ses draps étaient mouillés de sa seule transpiration. Il avait bien réfléchi. Il devrait connaître ce Paul Emick. Il devrait le retrouver. Il devrait pour cela devenir journaliste enquêteur. Il devrait poursuivre ses études. Il devrait obtenir des diplômes. Il devrait travailler à l’école. Il devrait …

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16 juin 2006

3ème partie : Derrière la porte…

Dans la pénombre de sa chambre d’hôtel, Oreste-Paul Janfoutre, dit OPJ, se reposait sur son lit en tirant doucement sur sa Gauloise. La route l’avait fatigué et, prévoyant de retourner cette nuit à la petite masure en brique, sa nuit allait être courte. Il avait tenté de téléphoner au commandant Caille, son ancien client, qui lui avait donné l’adresse, mais il n’était pas parvenu à le joindre.

Depuis le temps qu’il enquêtait dans l’ombre, il avait fini par comprendre pourquoi tant d’énergie avait été déployée, une trentaine d’années en arrière, pour étouffer la triste affaire dite de la "traction fantôme".

C’était très simple. Cette même année, le député-maire de la ville où OPJ faisait son stage, Dominique Ricard-Troplein, un riche industriel qui avait repris tant bien que mal les affaires de son père, était candidat à l’élection présidentielle. Il avait beaucoup de mal à faire oublier aux électeurs une sombre affaire de trafic de voitures de luxe dans laquelle il avait été mouillé jusqu’au cou et s’était ridiculisé cinq ans auparavant. Trois Maserati et deux Ferrari volées avait été retrouvées par les enquêteurs dans le garage de son Château. Il était devenu la risée de tous en déclarant à la presse qui le suivait, un jour qu’il sortait excédé d’un repas d’affaires, certainement bien arrosé, je cite "Ces voitures sont arrivées chez moi toutes seules ! Ce sont des voitures enchantées et maintenant foutez moi la paix, je n’ai rien à vous dire !". Cette phrase enregistrée et diffusée le soir au JT fit se gondoler le pays entier !

Quand Ricard-Troplein lut dans FCF un article sur une prétendue "voiture fantôme" retrouvée sur sa commune, son sang ne fit qu’un tour ! Il se dit évidement que cet article était un canular destiné à le ridiculiser une fois de plus et se jura d’avoir la peau du petit con de journaleux qui en était responsable ! Il paierait pour les autres !

Il convoqua aussitôt le Boss de FCF pour faire virer OPJ sur le champ. L’homme était influent et avait des amis bien placés. Il fit pression sur la gendarmerie pour que plus personne ne prononce un seul mot sur cette affaire et acheta le silence des chasseurs en finançant, sur le budget de la ville bien sûr, de superbes palombières.

Lorsque Ricard-Troplein vit de ses yeux la voiture fantôme, enchaînée dans le garage de la gendarmerie, il compris que ce n’était pas un canular et par conséquent, c’était bien plus grave !

Il ne fallait surtout pas que la presse nationale s’empare de ce phénomène, le sujet était trop sensible, il en allait de la réussite de sa campagne électorale pour laquelle il avait déjà dépensé énormément. Il ordonna que la traction soit mise en pièces immédiatement !

C’est Horace Caille, un jeune et intègre lieutenant de gendarmerie qui en fut chargé. Ne voulant pas détruire cette étrange voiture, il se contenta de la dissimuler et fit croire à son supérieur qu’il l’avait fait détruire, il pensait la confier plus tard aux mains des Renseignements Généraux pour tenter d’expliquer ce curieux phénomène… Mais, trois fois hélas, Ricard-Troplein fut élu président de la république. Plus question de reparler de cette voiture, le jeune lieutenant tenait quand même à sa carrière, d’autant plus qu’il épousa quelques, années plus tard, la secrétaire de FCF, une certaine Sylvie Situde, et fonda une famille, plus question de prendre le moindre risque…

C’est ainsi que l’affaire fut étouffée à cause d’un politicien véreux et que la vie professionnelle et sentimentale d’Oreste fut détruite… En ce qui concerne cette dernière, Oreste était toutefois assez content de la petite revanche que la vie venait de lui offrir en mettant sur son chemin, bien des années après, ce jeune lieutenant, devenu commandant… "Cette pauvre Sylvie n’est pas prête de se remettre de son divorce, j’ai fait d’une pierre-deux-coups !" se dit-il satisfait en écrasant son mégot contre la table de nuit avant d’éteindre la lumière.

A minuit exactement, le réveil le tira de son sommeil. Oreste-Paul s’habilla rapidement et en silence. Il sorti de l’hôtel discrètement et se dirigea vers le parking. Il vérifia que tous les outils dont il avait besoin étaient dans le coffre de sa 403 et retourna à la petite maison de briques.

Sur son autoradio, M’sieur Eddy lui entonnait sa chanson favorite…

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"Il écrase sa cigarette
Puis repousse le cendrier,
Se dirige vers les toilettes,
La démarche mal assurée.
Il revient régler ses bières,
Le sandwich et son café.
Il ne rentre pas ce soir.

Le grand chef du personnel
L'a convoqué à midi :
"J'ai une mauvaise nouvelle.
Vous finissez vendredi."….

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Sous la lumière blafarde de la lune, il commença par dégager la végétation qui bloquait la porte. Ce travail lui pris deux bonnes heures et l’épuisa, c’est qu’Oreste descendait plus vite une bouteille de scotch qu’il ne courait le 400m… Il avait maintenant accès à la chaîne qui fermait les deux battants de la lourde porte. Le cadenas était d’un très vieux modèle et complètement rouillé. Visiblement se dit-il, celui qui semble surveiller les lieux ne rentre jamais. Il n’avait pas de pince assez robuste pour couper le cadenas mais le bois pourri de la porte lui donna une idée.

Il attacha solidement le cadenas avec une longue chaîne au châssis de sa 403 et accéléra brusquement. Les ferrures s’arrachèrent du bois vermoulu. 

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La porte pouvait maintenant être ouverte.

Oreste pris sa lampe torche et commença à pousser les lourds battants. Dans un grincement strident, il entrebâilla la porte et jeta un regard inquiet sur l’écriteau signalant "Danger, ne pas ouvrir". Tant pis se dit-il !

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Il braqua le faisceau de sa lampe à travers l’entrebâillement et son sang se glaça…

A suivre...

16 juin 2006

2ème partie : Un étrange écriteau

Oreste-Paul Janfoutre était passé chez lui se changer avant de prendre la route. Il en avait également profité pour changer de voiture et prendre le vieux cabriolet 403 que lui avait légué son grand-père. Il le sortait pour les grandes occasions. En effet, la seule chose qui l'amusait dans son métier de détective, qu’il détestait par-dessus tout, c’était de se prendre pour le lieutenant d’une célèbre série américaine ! Ca en jetait se disait-il !

Il avait griffonné, sur son carnet, l’adresse que lui avait communiqué le matin même, par téléphone, l’ancien commandant de gendarmerie qu’il venait d’aider, preuves bidons à l’appui, à gagner son divorce. Le gendarme en retraite avait fait partie des responsables qui s’étaient occupés d’étouffer l’affaire dite de "la traction fantôme". C’était un vrai coup du destin qui avait mis par hasard cet homme sur le chemin d’OPJ ! Lorsqu’il appris le passé de son client, le deal fut vite conclu entre le détective et le gendarme : Economie de pension alimentaire contre les renseignements que cherchait Oreste-Paul ! C’était fait ! Il avait filé le train à la commandante pendant deux ans et inventé de toutes pièces les preuves les plus sordides de son infidélité envers son mari. Il n’avait eut aucune conscience et ce crétin de juge avait tout avalé. Il se disait qu’il était un pourri, mais il avait ce qu’il voulait, c’était tout ce qui comptait !

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La végétation avait partiellement recouvert l’entrée du bâtiment. OPJ se gara sur le bord du chemin de terre...

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Il s'approcha, sur l’une des lourdes portes était cloué un écriteau indiquant "Danger, ne pas ouvrir"...

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OPJ fit le tour du bâtiment en cherchant en vain une ouverture pour glisser un regard à l’intérieur.

Que pouvait-il y avoir dans cette masure de si dangereux ?

Le chemin dégagé menant à l’entrée trahissait une surveillance encore régulière des lieux, mais depuis trente ans, qui pouvait encore bien se soucier de cette affaire ?

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OPJ décida de rappeler le commandant pour en savoir plus et de revenir, à la nuit tombée, avec quelques outils… Il tira son flacon de rhum de sa poche et avala une grande gorgée, puis grimpa dans sa 403 et se mit en quête d’une chambre d’hôtel.

A suivre…

16 juin 2006

1ère partie : Oreste-Paul Janfoutre

Il était treize heures, Oreste-Paul Janfoutre arpentait le trottoir en se dirigeant vers sa voiture. Après avoir sauté son repas de midi et sa belle sœur, ses préoccupations lui envahissaient complètement l’esprit. Ce matin, il avait reçu le coup de fil qu’il attendait depuis longtemps. Il sortit de la poche de son imperméable un vieil article jauni et froissé découpé dans un journal. Il l’avait lu et relu une centaine de fois cet article depuis son réveil. Il ricana amèrement en relisant encore les dernières lignes "A la rédaction, elle nous aura fait beaucoup rire".

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Ah, sur le coup, en griffonnant l’article après le coup de téléphone de l’adjudant de gendarmerie, sans le prendre au sérieux, il avait trouvé ça très drôle, encore dans la béatitude de ses ébats avec Sylvie Situde, cette pouffiasse qui l’avait jeté comme les autres… Oui il avait trouvé ça drôle, mais qu’est ce qu’il en avait bavé par la suite…

A cause de cet article il avait été licencié de FCF, l’ex Feuille de Choux Farcies. Il était persuadé que son nom avait été inscrit sur une liste noire car aucun journal ne voulu plus de lui ni de ses reportages. Lui, cet étudiant brillant, sorti troisième de sa promotion, qui rêvait de devenir grand reporter, avait vingt ans à l’époque et toute la vie devant lui. Trente ans plus tard, qu’était-il devenu ? Un détective privé minable et alcoolique qui perdait ses journées à suivre des bonnes femmes mariées pour le compte de riches maris jaloux.

Et pourtant, immédiatement après avoir laissé l’article sur le bureau du rédacteur en chef de FCF, il avait filé à la gendarmerie, il avait rencontré les chasseurs qui avaient retrouvé la traction dans les marécages... Il avait vu la voiture se démener comme un animal prisonnier, sans personne à son volant dans le garage de la gendarmerie. Les gendarmes avaient du l’attacher au mur avec une chaîne pour ne pas qu’elle enfonce la porte du garage qu’elle avait déjà sérieusement abîmé. Il avait vu tout ça de ses yeux… Et mystérieusement, quelques heures plus tard, tout ce petit monde semblait ne plus se rappeler de rien. Les gendarmes furent tous mutés dès le lendemain. Les chasseurs semblèrent avoir tout oublié et la traction disparût comme par enchantement. Il cru devenir fou.

Depuis trente ans, Oreste voulait comprendre ! Jeter la vérité comme une revanche à la face du monde ! Il n’avait jamais cessé d’enquêter sur cette histoire et grâce au coup de téléphone de ce matin, il venait trouver l’information qui lui manquait, il avait peut-être retrouvé où avait été caché cette mystérieuse traction…

Maintenant il devait en avoir le cœur net !

A suivre…

16 juin 2006

Introduction : Quand votre scoop vous licencie

Par Trebor Yles 

Il me souvient tout à coup d’un fait divers étrange survenu au cours des années 1960-1970 que m’avait raconté Gérard Manpassoif, le journaliste de la Feuille de Choux Farcie. Ce fait divers eut des répercussions au sein même de son journal car celui qui le rapporta alors dans ses colonnes fut mis à pieds dès le lendemain.

Mais revenons quelques années en arrière. Nous sommes dans les locaux de la Feuille de Choux Farcies. Il est 3 heures du matin. Le téléphone sonne … sonne … sonne … dans une salle de rédaction déserte. Enfin, pas si déserte que ça puisque Oreste-Paul Janfoutre, surnommé OPJ par ses copains, jeune journaliste stagiaire est de permanence. Ou du moins est censé être de permanence, mais ayant passé les dernières heures dans les bras de Sylvie Situde la secrétaire, il tente de récupérer ses forces. Las, il décroche le téléphone  et après un bref entretien qui le réveille complètement, griffonne un mot qu’il pose sur le bureau du rédac’chef et quitte le journal.

Ses collègues ne le reverront que deux jours plus tard, après la publication de l’article que Gérard Manpassoif a eu la gentillesse de nous permettre de publier in-extenso afin de tenter de faire la lumière… toute la lumière… rien que la lumière sur cette étrange affaire.

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En effet, le soir même de la parution de cet article, certainement sous la pression de personnes influentes, OPJ était remercié et prié de quitter la Feuille de Choux Farcie et par la même occasion les bras de Sylvie Situde.

Après quelques heures de recherches il nous a été permis de le retrouver et de le questionner sur cet événement. Nous allons lui laisser la parole…

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16 juin 2006

EPISODE II

Et oui, Chloé revient dans de nouvelles aventures, vécues cette fois au travers d’un personnage atypique, devant son nom à Monsieur Trebor Yles. Pour les passionnés de miniatures qui ne connaissent pas encore Trebor, je vous invite à visiter son blog Collec'Hebdo 43 où il passe régulièrement au scanner de son expertise bon nombre des nouveautés en la matière. Je vous invite également à découvrir ses nombreuses mises en scènes de miniatures accompagnées de petites histoires, toujours pleines d’humour et de finesse, sur Forum-Auto et sur son autre blog FCF-retrovision.

Trebor, merci pour cette collaboration scénaristique et je vous laisse ouvrir le bal…

30 mai 2006

10ème partie : La fuite

Chloé avait pris sa décision, et comme toujours, elle s’y tenait !

Elle quittait une seconde fois le monde des hommes...

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Elle sorti lentement de l’atelier de l’association Phoenix et s’enfonça dans la nuit...

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Quel plaisir de s’élancer sur les routes de campagne, de se sentir libre à nouveau et de rouler, rouler…

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L’émotion de la fuite lui fit même oublier qu’elle disposait maintenant de deux phares, c’était quand même bien mieux  !

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Chloé retrouva avec bonheur le petit chemin qui menait aux marécages et s’y engagea. C’est là qu’elle devait aller. Maintenant qu’elle était protégée contre la rouille pour longtemps, elle pouvait continuer sa quête, elle devait la continuer et la trouver, celle qui pouvait la libérer de son enchantement…

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Elle senti les brumes l’envelopper peu à peu à mesure qu’elle s’approchait des marais, tous feux éteints.

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La brume devenait plus épaisse… Chloé quitta le chemin pour s’enfoncer dans les marécages....

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"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

(…) Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement."

Elle aimait se remémorer ces vers de Baudelaire, qu’elle avait plusieurs fois entendu réciter par Mathilde, l’année où elle passait son bac de Français. Ne faisait-elle pas partie de ces esprits, errants et sans patrie ?

Quel plaisir pour elle de voir à nouveau son image se refléter dans les eaux boueuses…

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Qui Chloé cherche elle désespérément dans les brumes des marécages ?

Et au fond, qui est-elle vraiment ?

Ceci sera peut-être conté dans une autre histoire…

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Fin du premier épisode

La suite des aventures de Chloé en page 2


29 mai 2006

9ème partie : Un phénomène de foire

Cinq mois s’étaient écoulés depuis la nuit où Chloé été venue, avec beaucoup de cran, se garer devant l’atelier de l’association Phoenix. Cinq mois durant lesquels elle fut entièrement remise à neuve par les membres de l’association. Plus aucune trace de rouille, une peinture superbe, une mécanique refaite, un intérieur refait, Chloé, entre les mains de ces passionnés, était devenue méconnaissable.

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Elle qui avait eu, au commencement, tellement honte de se ranger à côté de la belle DS du président de l’association était devenue très fière de la voir se refléter sur sa carrosserie.

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Les mois passèrent, Chloé découvrait sa nouvelle existence de voiture de collection. Les week-ends, elle allait de concentrations en rassemblements. Elle participait à des rallyes d’anciennes, souvent entourée de nombreuses Citroën.

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Cette nouvelle vie l’amusa au début, on l’admirait, la photographiait, les gens demandaient poliment s’ils pouvaient monter à son bord…. Elle qui se croyait être un déchet quelques temps plus tôt sentait son ego atteindre des sommets !

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… Puis elle commença naturellement à s’ennuyer, c’était toujours pareil…

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… Et de plus en plus ennuyeux…

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Beaucoup de voitures de collection sont très heureuses d’avoir été sauvées de la destruction et de connaître une retraite paisible, choyées par des collectionneurs passionnés. Chloé ne l’était pas… Mais à la différence de ces voitures, elle avait connue ce que peu de voitures connaissent : Une liberté totale pendant plus de trente ans.

Quand elle ne courait pas les concentrations, Chloé s’ennuyait à mourir dans le hangar de l’association. Elle n’osait plus courir la campagne comme avant. Si elle revenait mystérieusement sale au matin, personne n’y comprendrait rien, et que se passerait-il ? On imaginerait qu’un plaisantin l’a emprunté en cachette et elle serait enfermée pour de bon derrière une porte. Au moins, dans l’atelier, elle voyait la lumière du jour…

Les mois passèrent et passèrent encore et Chloé continua à courir invariablement les manifestations… Mais un matin, elle entendit parler d’un tour du monde en traction auquel l’association participerai peut-être. Cette nouvelle lui fit espérer très fort d’être la traction que l’association engagerait… Elle se mit à rêver plusieurs nuit, dans le hangar, des paysages d’Afrique qu’elle avait vu dans les livres de géographie de Mathilde, la fille de son ancien propriétaire, lorsqu’elle révisait ses leçons sur le chemin de l’école.

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Cette nouvelle lui redonna un peu d’espoir et une raison de continuer cette existence trop contrôlée par les hommes… Mais finalement, c’est une autre voiture qui fut choisie. Pas elle !

C’en fut trop !

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Dans le silence de la nuit, sa mécanique, réglée à présent comme une horloge...

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démarra dans un souffle fantomatique…

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… A suivre

28 mai 2006

8ème partie : Le rêve de Chloé

Chloé reste sagement à l’atelier… Mais, l’esprit torturé de la vieille traction continue chaque nuit à hanter les marécages à la recherche du repos éternel…

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Chloé rêve… Rêve qu’elle s’enfonce pour l’éternité dans les eaux douces et chaudes des marais…

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A suivre...

27 mai 2006

7ème partie : Une belle robe noire

Le jour venait de se lever. Le soleil brillait. Une belle journée s’annonçait et la carrosserie de la vieille 11 était prête maintenant à partir à l’atelier peinture.

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Chloé fut attelée à la puissante DS 23 du président de l’association Phoenix pour rejoindre le garage du carrossier situé à 3 Km de là.

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Quelques temps plus tard, Chloé ressortait du garage revêtue d’une magnifique robe noire qui scintillait sous le soleil du soir.

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La brave DS, conduite par le président, ramena Chloé à l’atelier de l’association. On lui remonta ses ailes, repeintes quelques jours plus tôt ; ses pares chocs, venant d’être re-chromés, et ses phares dont le montage n’était pas encore complet. Alfred Carbu fit quelques photos de l’état d’avancement de la restauration. Photos qu’il envoya immédiatement par e-mail à Mathilde Rodriguez, l’ancienne propriétaire.

Chloé n’en revenait pas d’être l’objet de toutes ces attentions et de se voir ainsi parée d’une si belle carrosserie, elle eu l’impression de se revoir, à sa sortie des usines du quai de Javel, en 1953… plus d’un demi siècle plus tôt… Dotée d’un moteur dont la mécanique avait été refaite à neuf, de pneus neufs montés sur des jantes fraîchement repeintes d’une belle peinture époxy couleur ivoire, elle se sentait capable d’aller au bout du monde !

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D’ici là, elle allait retourner dans l’atelier pour les finitions. Il y avait encore tout l’intérieur et les vitres à remonter.

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Chloé n’était plus habituée à ce que l’on décide pour elle !

Sa liberté de partir sur les routes en pleine nuit commençait à lui manquer cruellement. "Pourvu qu’ils ne m’enferment pas dans un garage pour me sortir seulement un dimanche par mois" s’inquiétait-elle…

Pourrait-elle retourner dans les marais ?

… A suivre

26 mai 2006

6ème partie : Début de la restauration

Chloé avait choisi de mettre son destin entre les mains des hommes mais elle ignorait tout des décisions qui se prenaient autour d’elle. A vrai dire, c’était tant mieux, elle préférait ne pas y penser.

Elle avait eu, toutes les nuits depuis son arrivée à l’atelier de l’association Phoenix, l’occasion de prendre ses vieilles roues à ses ailes et retourner errer dans la campagne jusqu’à ce que la rouille la condamne. Mais Chloé savait respecter sa décision et malgré sa peur, elle ne s’enfuit pas.

Finalement très bien lui en pris. Tous les membres de l’association décidèrent de la sauver pour la très simple raison qu’on envoie pas à la casse une traction qui peut-être restaurée, qui plus est une familiale, modèle moins répandu que les berlines et les légères. Comme aucun des membres de l’association ne souhaitait ou n’avait le budget pour prendre en charge la restauration, ils décidèrent de faire pot commun pour le financement. Ils loueraient ensuite la traction pour des mariages et des tournages afin de rentrer un peu dans leurs frais. Comme elle l’avait proposé, Mathilde (la propriétaire de la traction, qui vivait au Chili) leur en fit don et ils lui promirent d’envoyer des photos de la belle remise en état.

La restauration commença rapidement, les week-ends, les membres de l’association se relayaient. La coque fut sablée très légèrement pour enlever la rouille et les restes de peinture. Les parties où la rouille avait perforée la tôle furent découpées et des nouveaux morceaux de tôle furent soudés à la place. Une restauration effectuée par des experts et dans les règles de l’art !

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Travail terminé, les roues et la calandre, traitées à part furent remontées et Chloé fut sortie de l’atelier pour une petite séance photo. Alfred Carbu était très satisfait du travail accompli.

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Ils rentrèrent la traction pour la nuit, elle partirait prochainement chez le carrossier pour être peinte.

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La nuit tomba. Chloé, qui n’avait plus quitté l’atelier depuis deux mois maintenant, s’ennuyait ferme de ses longues errances nocturnes. Cette nuit là, elle rêva de ses anciennes promenades au clair de lune dans les marécages... Qui n'avaient pas arrangé son problème de rouille ! Mais Chloé n'avait jamais été très raisonnable...

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Le jour se leva, la vieille traction serait bientôt remise à neuf... Mais qu’adviendrait-il alors de sa liberté ?

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… A suivre

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