9ème partie : Un phénomène de foire
Cinq mois s’étaient écoulés depuis la nuit où Chloé été venue, avec beaucoup de cran, se garer devant l’atelier de l’association Phoenix. Cinq mois durant lesquels elle fut entièrement remise à neuve par les membres de l’association. Plus aucune trace de rouille, une peinture superbe, une mécanique refaite, un intérieur refait, Chloé, entre les mains de ces passionnés, était devenue méconnaissable.
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Elle qui avait eu, au commencement, tellement honte de se ranger à côté de la belle DS du président de l’association était devenue très fière de la voir se refléter sur sa carrosserie.
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Les mois passèrent, Chloé découvrait sa nouvelle existence de voiture de collection. Les week-ends, elle allait de concentrations en rassemblements. Elle participait à des rallyes d’anciennes, souvent entourée de nombreuses Citroën.
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Cette nouvelle vie l’amusa au début, on l’admirait, la photographiait, les gens demandaient poliment s’ils pouvaient monter à son bord…. Elle qui se croyait être un déchet quelques temps plus tôt sentait son ego atteindre des sommets !
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… Puis elle commença naturellement à s’ennuyer, c’était toujours pareil…
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… Et de plus en plus ennuyeux…
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Beaucoup de voitures de collection sont très heureuses d’avoir été sauvées de la destruction et de connaître une retraite paisible, choyées par des collectionneurs passionnés. Chloé ne l’était pas… Mais à la différence de ces voitures, elle avait connue ce que peu de voitures connaissent : Une liberté totale pendant plus de trente ans.
Quand elle ne courait pas les concentrations, Chloé s’ennuyait à mourir dans le hangar de l’association. Elle n’osait plus courir la campagne comme avant. Si elle revenait mystérieusement sale au matin, personne n’y comprendrait rien, et que se passerait-il ? On imaginerait qu’un plaisantin l’a emprunté en cachette et elle serait enfermée pour de bon derrière une porte. Au moins, dans l’atelier, elle voyait la lumière du jour…
Les mois passèrent et passèrent encore et Chloé continua à courir invariablement les manifestations… Mais un matin, elle entendit parler d’un tour du monde en traction auquel l’association participerai peut-être. Cette nouvelle lui fit espérer très fort d’être la traction que l’association engagerait… Elle se mit à rêver plusieurs nuit, dans le hangar, des paysages d’Afrique qu’elle avait vu dans les livres de géographie de Mathilde, la fille de son ancien propriétaire, lorsqu’elle révisait ses leçons sur le chemin de l’école.
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Cette nouvelle lui redonna un peu d’espoir et une raison de continuer cette existence trop contrôlée par les hommes… Mais finalement, c’est une autre voiture qui fut choisie. Pas elle !
C’en fut trop !
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Dans le silence de la nuit, sa mécanique, réglée à présent comme une horloge...
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démarra dans un souffle fantomatique…
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… A suivre