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La Traction fantôme

21 janvier 2007

Le Galion hanté

Quant à Chloé...

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Habillée de voile de brume et de rosée
Je suis la longue dame brune de ta pensée.
Chante encore au clair de la lune, je viens vers toi.
A travers les monts et les dunes, j'entends ta voix...

                                                                                                         (Barbara / Georges Moustaki)

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...A la tombée de la nuit sur une petite route de campagne...

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Lorsque vous croiserez parfois des véhicules roulant avec un seul phare allumé, ne vous étonez plus...

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16 octobre 2006

Sur la route des vacances

Juillet 1938, insouciance d’une belle journée d'été, quelques mois avant le début de la deuxième guerre mondiale…

Le jeune docteur Bernard accompagné de sa femme Eglantine, de Nicole, sa fille aînée et de leur chien, descendaient dans le sud de la France pour leurs toutes premières vacances. Quelques mois plus tôt, le docteur avait pris livraison de sa belle Citroën 11 familiale, sa première auto. Il en était si satisfait, que, jusqu’à la fin de ses jours en 1969, il ne roula qu’en traction familiale. Celle ci était la première des trois qu’il posséda successivement jusqu'à Chloé...

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Fatiguée par la route, la petite Nicole devenait si pénible que le docteur décida de s’arrêter quelques heures dans la campagne pour que tout le monde se dégourdisse les jambes. Ce n’était pas très grave de prendre un peu de retard, ils dormiraient le soir à l’hôtel avant de terminer leur voyage.

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Un curieux petit garçon était assis sur la branche d’un arbre au bord de la route, il couru après la voiture lorsqu'elle s’engagea dans le chemin...

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"Hi ! I’m Dan ! " s’écria t’il en voyant Nicole descendre. Dan était un petit Américain qui s’ennuyait en vacances dans la ferme de son oncle de France. Fasciné par les automobiles, il passait ses journées à les regarder passer. Mais là, ce n’était plus les autos qui semblaient le fasciner. Il parlait assez mal français mais à cet âge, on a pas besoin de parler beaucoup pour se faire des amis.

"Do you want to be my friend ? " dit-il à Nicole qui ne compris pas un mot et répondit d’un sourire.

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L'après midi se passa joyeusement...

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Quand le soir arriva, Eglantine se fâcha un peu pour que Nicole remonte dans la voiture...

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Les deux enfants se dirent au revoir et la traction repris la route dans le soir tombant…

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Les deux enfants ne devaient plus jamais se revoir. Nicole ne survécu malheureusement pas à la guerre, quand à Dan, il rentra aux Etats-Unis à la fin des vacances et ne revint en France qu'une vingtaine d'années plus tard...


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C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance d'aujourd'hui
Elle descendait dans le midi, le midi
Ils se sont trouvés au bord du chemin
Sur la route des vacances
C'était sans doute un jour de chance
Ils avaient le ciel à portée de main
Un cadeau de la providence
Alors pourquoi penser au lendemain...

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Ils se sont cachés dans un grand champ de blé
Se laissant porter par les courants
Se sont racontés leur vies qui commençaient
Ils n'étaient encore que des enfants, des enfants
Qui s'étaient trouvés au bord du chemin
Sur la route des vacances
C'était sans doute un jour de chance
Qui cueillirent le ciel au creux de leurs mains
Comme on cueille la providence
Refusant de penser au lendemain

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C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance d'aujourd'hui
Elle descendait dans le midi, le midi
Ils se sont quittés au bord du chemin
Sur la route des vacances
C'était fini le jour de chance
Ils reprirent alors chacun leur chemin
Saluèrent la providence en se faisant un signe de la main

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Il rentra chez lui, là-haut vers le brouillard
Elle est descendue là-bas dans le midi
C'est un beau roman, c'est une belle histoire
C'est une romance d'aujourd'hui...

                                                          (Michel Fugain)


30 juin 2006

Epilogue : La Déesse

La fin de l’histoire, mais cette fois, telle que Chloé l’a vécue…

Enfin libre !

Après 30 ans immobile à prendre la poussière, Chloé pouvait enfin sentir le vent de la vitesse sur sa vieille carrosserie ! Elle avait un peu peiné au début, mais quel plaisir à présent de pousser son moteur à plein régime !

Ces trente années à ruminer dans sa prison lui avaient fait jurer de ne plus jamais s’approcher des hommes !

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Chloé était satisfaite de la peur qu’elle avait fichue à ce type ! Bien qu’un peu honteuse quand même… Car c’est lui qui l’avait délivrée… Elle ne savait pas qui il était, bien que son visage lui rappela vaguement un journaliste qui était venu la voir le soir de sa capture par les chasseurs… Mais peu importe, il fallait qu’elle s’échappe avant qu’il ne lui prenne l’idée de l’enfermer à nouveau ! Le problème c’est qu’il la suivait depuis deux heures et qu’il commençait à devenir un peu collant.

Lorsqu’il commença à la dépasser dans sa Peugeot, elle s’inquiéta...

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Mais quand elle devina la manœuvre qu’il s’apprêtait à exécuter, elle eu vraiment très peur...

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Pour éviter un grave accident, elle du prendre le contrôle de la 403. Cette 403 était un esprit faible et Chloé n’eut aucun mal à s’en emparer pour la faire stopper.

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C’était un truc qu’elle avait appris à faire durant les longues années où elle était enfermée : Quitter son enveloppe pour prendre possession des voitures qui passaient à proximité et ainsi s’évader un peu de sa geôle. Le problème c’est qu’elle oubliait souvent d’allumer les deux phares de la voiture et faillit plusieurs causer quelques problèmes… Une habitude prise du temps où elle n’avait que son phare gauche…

A présent qu’elle s’était débarrassée de son suiveur, elle savait où elle irait ! Chloé n’avait jamais cessé de penser à cette photo, que le Docteur Bernard, son premier propriétaire, avait un jour reçu dans une brochure publicitaire Citroën.

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Le Docteur parlait souvent avec admiration de cette "Déesse" lorsqu’il était au volant de Chloé, il parlait même d’en acheter une un jour. Cela intriguait Chloé énormément et l’attristait un peu aussi. Lorsqu’elle vit la photo de la "Déesse" montée sur des ballons et flottant sur l’eau, Chloé eut une révélation ! Il fallait qu’elle trouve cette Déesse et qu’elle lui fasse don de ce pouvoir, ainsi, le Docteur la garderait !

Or, où la trouver ailleurs que dans un lac ou un marécage ? Elle avait si souvent rêvé qu’elle la rencontrait, dans la brume, flottant comme un spectre au dessus des eaux…

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Toutes les nuits, Chloé explorait les marécages à la recherche de la Déesse… Elle pensait que c’est parce qu’elle n’était qu’une simple traction vieillissante qu’elle avait été abandonnée, il y a bien longtemps… En se disant naïvement que lorsque qu’elle aurait ses beaux ballons, le Docteur Bernard, tenant Camille par la main, viendrait la chercher pour l’emmener fièrement avec eux… Et la vie reprendrait... Comme avant…

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Mais sur des ballons...

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28 juin 2006

12ème partie : Dans la peau d’une autre…

Malgré le vent frais qui fouettait son visage à 140 Km/h, Oreste-Paul Janfoutre était trempé de sueur. Il avait échappé à la mort une fois en évitant de justesse la traction qui avait foncé sur lui. Les doigts douloureusement crispés sur le volant de sa 403, il s’apprêtait à mettre à nouveau sa vie en jeu. Il se mit à hurler comme un diable pour se donner du courage, son hurlement se mêla aux rugissements mêlés des deux moteurs poussés au maximun : "MAINTENANT".

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Il pesa de tout son poids sur le volant pour tenter de rabattre la 403 contre la traction et lui faire quitter la route… Mais le volant devint si dur qu’il ne pu le faire tourner d’un degré. Oreste-Paul insista, mais il n’y avait rien à faire, la direction restait dure comme du fer, la 403 refusait d’obéir. Furieux, il donna un grand coup de poing sur une branche du volant pour le faire tourner et une vive douleur remonta dans tout son bras.

A ce moment précis la 403 se mit à tressauter puis à ralentir...

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OPJ, furieux, donnait des coups de pieds dans l’accélérateur pour la faire repartir mais sa voiture continuait à perdre de la vitesse et la traction repassa devant. "Ce n’est pas possible, il me reste pourtant de l’essence !". Il vit les voyants du tableau de bord s’éteindre un à un...

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La 403 continua sur sa lancée quelques instants et s’immobilisa sur le bord de la route.

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Il ne parvient pas à la faire redémarrer ni à débloquer le volant, il ne se passait désespérément plus rien lorsqu’il tournait la clé de contact, la Peugeot semblait vide de toute énergie…

A travers le pare-brise, Oreste-Paul regardait, impuissant, la traction lui échapper et disparaître dans la brume comme un fantôme…

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Il descendit de sa voiture et s’assit dans l’herbe sur le bord de la route. Il avait trop mal à la jambe pour rester debout. Il se recroquevilla et se mit à caresser son poignet brisé comme un enfant fragile qui vient de se prendre une raclée dans la cour de récréation... La traction lui avait échappé et il n’avait rien pu faire… Il resta un moment, les yeux dans le vide, face à sa voiture inerte garée au bord de la route…

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Les images terrifiantes de son duel contre la traction fantôme défilaient comme un flot de sang sous son crâne meurtri…

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Petit à petit, Oreste-Paul retrouva ses esprits. Il réalisa que si la 403 avait répondu à son coup de volant, à 140Km/h, il serait peut-être mort. Il se dit également qu’il avait eu la preuve de ce qu’il cherchait, au moins pour lui. Il ne pourrait pas jeter la vérité à la face du monde comme il l’avait espéré avec rage… Mais au moins, pour lui, il savait.

Peu à peu, le sentiment d’échec qui l’avait envahi fiévreusement se dissipa et il ressentit un grand soulagement se répandre en lui. Certainement le fait d’avoir échappé à la mort, mais pas seulement. Il se sentit, pour la première fois depuis trente ans, en paix avec le monde. Comme s’il n’avait plus rien à se prouver. Il été arrivé au bout de sa longue quête… Il pouvait oublier maintenant… C’est tout ce qu’il devait faire pour retrouver la sérénité... Oublier...

Sa colère se dissipa avec la brume et un grésillement le tira des ses pensées. C’était l’autoradio de la 403 qui venait de se remettre en marche et jouait sa cassette d’Eddy Mitchell…

"Clac… Zzzz… Crrr … Elle s’en fout,
Avec son âme, elle fait c'qu'elle veut.
Et aucun homme ne peut la blesser,
Son coeur est déjà cassé.

Toutes les nuits, elle dit "Prends moi pour une autre."
Toutes les nuits, elle dit "Prends moi pour une autre."
Oh,oh
Elle dit : "Prends moi pour une autre.
Fait semblant de m'aimer,
Puis tu pourra m'oublier..."

OPJ releva la tête en direction de sa voiture... Un frisson glacial lui parcouru tout le corps…

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...Et l’autoradio continuait à égrener doucement ses notes dans le soir tombant…

"Toutes les nuits, elle vit dans la peau d'une autre
Toutes les nuits, elle vit dans la peau d'une autre
Oh,oh
Elle vit dans la peau d'une autre,
Fait semblant de rêver,
De peur de se réveiller"

FIN

28 juin 2006

11ème partie : Le tout pour le tout

Cela faisait maintenant deux heures qu’Oreste-Paul Janfoutre suivait la traction dans la brume. Le moteur de la vieille Citroën, qui avait peiné au début, semblait avoir retrouvé toute sa vigueur originelle. La traction filait à plus de 100 Km/h sur les routes de campagne. Au volant de sa 403, OPJ peinait durement à la suivre.

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Le cœur battant et la peur au ventre, il  respira profondément et, appuyant à fond sur l’accélérateur, commença la manœuvre de dépassement... "Bon sang ! Ce n’est pas possible quelle tienne si longtemps à cette vitesse avec seulement les 10 litres d’essence que je lui ai mis !" Pestait-il ! Il regarda la jauge de la 403 qui n’affichait plus qu’un tiers du plein. "Il faut que je fasse quelque chose et vite, à ce rythme là je vais me retrouver à sec et elle va me filer entre les pattes !".

"En théorie, se disait Oreste-Paul qui connaissait un peu les voitures, la vitesse de pointe de ma 403 est légèrement supérieure, je dois pouvoir la dépasser, mais dieu sait ce que ce démon à dans le ventre !". Il accéléra et se colla derrière la traction...

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Il n’avait aucune idée des réactions que pourrait avoir la traction, il abîmerait sûrement sa voiture, risquerait peut-être sa vie, mais il ne pouvait pas laisser le fruit de trente années de recherches acharnées, d’espoir et d’angoisse, se perdre dans la nuit… Il fallait coûte que coûte qu’il immobilise la preuve de l’injustice qui avait brisée sa carrière de journaliste.

Poussée au maximum, la 403 gagnait du terrain sur la traction. Arrivée à sa hauteur, OPJ tourna la tête et regarda, effaré, le siège conducteur vide et le volant qui bougeait tout seul...

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Sa jambe droite blessée, écrasant la pédale, lui faisait horriblement mal, mais cette douleur, il ne la sentait plus. Pour lui, une seule chose comptait : arrêter la traction, coûte que coûte !

Il la dépassa péniblement, la traction semblait également accélérer de toutes ses forces, OPJ jeta un coup d’œil au compteur de vitesse de sa voiture, il indiquait 140 Km/h, sur cette petite route sinueuse, c’était du suicide.

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A présent, OPJ se trouvait presque devant la traction, c’était moment d’agir, donner un coup de volant et tenter de la faire sortir de la route, oui, envoyer ce monstre d’acier valser dans un pré !

Avec un peu de chance, elle ferait quelques tonneaux et s’immobiliserait sur le flanc… "Avec un peu de chance…" se répétait-il sans vraiment y croire… En sa chance…

OPJ avait du mal à se décider. Au loin, un virage se dessinait, c’était maintenant… Où jamais !

Sans réfléchir, il poussa un cri et ses mains se crispèrent sur le volant : "MAINTENANT !"

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A suivre…

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27 juin 2006

10ème partie : A la Poursuite du diable

Oreste-Paul Janfoutre, dit OPJ, venait d’éviter d’extrême justesse la 11 qui fonçait sur lui après avoir démarré toute seule. Abasourdi par le choc qu’il reçut à la tête, il gisait, étendu au sol sur le ventre et regardait, comme paralysé, la longue voiture noire qui s’enfonçait dans l’épaisse brume...

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Il avait encore devant les yeux les images terrifiantes de l’accident qu’il venait d’éviter…

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"Cette voiture est possédée par le diable !" se dit-il, effrayé, mais rassuré en même temps. Rassuré car maintenant il savait ! C’est lui qui avait raison ! Il venait de se le prouver à lui-même ! Il fallait maintenant qu’il le prouve au reste du monde pour que l’injustice dont il avait été victime soit enfin réparée !

A moitié assommé, il se leva en titubant et se mit à courir tant bien que mal derrière la traction. Ses pieds avaient du mal à lui obéir, il trébucha et s’étala de tout son long dans la terre, se releva comme un boxeur KO et courut encore jusqu’à atteindre sa 403 garée sur le bord du chemin. Il sauta maladroitement sur le siège en se cognant violemment le genou contre le haut de la portière.

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Malgré la douleur qui se répandait dans toute sa jambe, il mit le contact et écrasa l’accélérateur.

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OPJ rattrapa la traction assez rapidement. Elle avait tout donnée dans l’accélération fulgurante qui faillit lui coûter la vie et le vieux perfo, qui n’avait pas tourné depuis trente ans, semblait peiner à présent.

Il suivait la traction sur les routes de campagne. Il pouvait la doubler et tenter de se mettre en travers de la route pour lui barrer le passage mais il craignait trop les réactions de ce démon. Il l’avait déjà évité de justesse, si elle décidait de lui foncer dessus à nouveau plutôt que s’arrêter, sa 403 de 1960 ne tiendrait pas le choc contre les épaisses tôles de la vieille Citroën.

OPJ se contentait simplement de la suivre en se disant qu’il en apprendrait certainement bien plus sur ce mystère en découvrant où elle irait. Il but une grande gorgée de rhum pour calmer sa peur et sa douleur à la jambe. "Avec les 10 litres d’essence que je lui ai versé dans le réservoir, elle ne pourra pas aller bien loin" se disait-il en regardant la jauge de sa 403 qui affichait le plein "J’ai bien fait de faire le plein lorsque que j’ai rempli les jerricans".

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L’épaisse brume qui s’était levée lorsque la traction avait démarré plongeait la route dans l’obscurité et semblait envelopper leur parcours au fur et à mesure qu’ils avançaient. "Pas de doute, je ne sais pas ce qui anime cette voiture, mais tout ça n’est pas humain" pensait-il. Avant de la reposer sur ses roues, il avait longuement inspecté la traction à la recherche d’un système de guidage électronique mais il n’avait rien trouvé que de la bonne vieille ferraille des années cinquante. Son esprit rationnel avait du se rendre à l’évidence. La traction semblait être bel et bien une voiture fantôme… Il ne put s’empêcher de penser à Christine, la Plymouth Furry 58 du bouquin de Stephen King et cette pensée lui glaça le sang. Ce n’était qu’un roman… Mais si certaines voitures avaient réellement une âme ?

A suivre…

27 juin 2006

9ème partie : Sur les traces de Paul Emick

La jeunesse d'OPJ - Oreste-Paul Janfoutre - Par Trebor Yles

Ce qu’ignorait Oreste-Paul Janfoutre, autrement dit OPJ, lorsqu’il photographiait des automobiles c’est qu’il marchait dans les traces de son père naturel, Paul Emick, de son vrai nom Emickswesky, mais plus connu dans la profession et célèbre sous son pseudo de Paul Milfoto dont tout le monde a vanté la qualité des clichés au cours des années 1970 où il connut son heure de gloire lorsqu’il publia un célèbre recueil de ses photos amateurs prises au cours des années 1950 dont voici quelques spécimens.

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Cette passion pour l’automobile est elle transmissible par les gênes ? Toujours est il qu’OPJ s’est toujours intéressé à tout ce qui roule, même sans conducteur, tout au moins en apparence, car l’on a connu quelques supercheries grâce à d’intrépides conducteurs dissimulés parfois dans le coffre à bagages de la voiture. Aussi ne faut-il pas être surpris de le voir affronter l’énigmatique Chloé au péril de sa vie et de celle de ses lecteurs qui, haletant et piaffant d’impatience à la découverte de la suite de ce récit fantasmagorique frôlent parfois l’infarctus. Aussi, lecteurs ménagez vous. Vous n’êtes pas en présence de l’équipe de France de foot-ball ou du moins de ce qui en porte le nom. L’histoire se terminera bien, j’en suis convaincu.
En attendant ce qui est certain, c’est que tout OPJ qu’il soit, Oreste-Paul devra se remettre en question une fois de plus pour découvrir la clé du mystère…

26 juin 2006

8ème partie : Une fraction de seconde

Oreste-Paul Janfoutre, dit OPJ, avait remis la traction en état de rouler mais celle-ci refusait mystérieusement de démarrer. Alors qu’il réfléchissait en fumant une cigarette à quelques mètres, la vieille voiture se mis en route toute seule et bondit dans sa direction.

Dans un rugissement de moteur, la traction accélérait dans le chemin en direction d’OPJ.

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Pétrifié de stupeur comme un animal pris dans la lumière du seul phare allumé, il vit toute son existence défiler devant ses yeux. En une fraction de seconde il revit ce jour de ses 14 ans où, tout fier pourtant de son réveil, sa mère lui apprit qu’il était le fils de Paul Emick. Il se revit dans les bras de la belle Sylvie Situde, peu avant son licenciement de la Feuille de Choux Farcie. Il revit les années de galère qui suivirent, à vendre une misère des clichés de voitures anciennes qu’il retrouvait parfois publiés dans les pages de la Feuille de Choux Farcie…

Cette dernière pensée fit remonter la rage en lui et il se ressaisit !

Dans un réflexe désespéré, il se jeta sur le côté du chemin au moment précis où la traction arrivait sur lui à toute allure. Jamais il n’avait vu un pare-choc d’aussi près ! En tombant, sa tête heurta le sol à quelques cm de la roue avant de la traction.

Sous la violence du choc, sa vue se troubla un instant, tandis que la voiture passait en trombe à côté de lui...

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...Il la vit s’éloigner alors qu’il était étendu sur le sol, il ne fallait pas qu’il la laisse s’échapper, tout serait perdu… Il ne fallait pas…

A suivre…

25 juin 2006

7ème partie : La traversée du désert

La jeunesse d'OPJ - Oreste-Paul Janfoutre - Par Trebor Yles

Une longue traversée du désert suivit le renvoi d’Oreste-Paul Janfoutre de la rédaction de la Feuille de choux Farcie. Ne pouvant se résigner à abandonner le métier de journaliste pour lequel il se croyait fait et préparé, il ne put se résigner à faire autre chose. Pendant de longs mois il hanta le canton de Cernès afin de recueillir toutes les informations possibles afin de s’assurer que ce qu’il avait vu et vécu s’était bien passé comme il l’avait enregistré dans sa mémoire. Oui il avait bien vu Chloé se déplacer toute seule. De ça il était sûr. Mais comment cela était-il possible ? C’eut été une 2cv il aurait pu comprendre, mais une traction… Oui, avec une 2cv, il avait déjà vu comment, avec son pote Martin Gall ils avaient effrayé un groupe de passants, lorsqu’encore étudiants ils avaient déboulés la grand rue du village, avachis sur la banquette avant de manière à ce que leurs têtes ne dépassent pas la ligne de caisse, Martin Gall se dirigeant en regardant la route à travers la grille d’aération située sous le pare-brise (1) . Mais là, pas de grille…
Aussi, pour vivre, ou plutôt pour survivre, il dut se résigner pendant quelques années à jouer les free-lances et à envoyer à une agence de photos les clichés qu’il prenait de voitures peu connues ou d’anciennes. C’est pourquoi, fidèles lecteurs de la Feuille de Choux Farcie, vous eûtes parfois la primeur de ses photos sans savoir qu’il en était l’auteur, le journal n’étant tenu que d’indiquer le nom de l’agence qui les lui vendait.

La quête de son père naturel qu’il avait négligée depuis son arrivée au journal devint cette fois ci le dernier de ses soucis, le premier étant d’assurer son quotidien. Mais il ne savait pas qu’en photographiant cette Studebaker Avanti (2) son passé et son avenir allaient se percuter dans de bien étranges circonstances.

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Ce qu’il ne savait pas et qu’il découvrira que bien plus tard, c’est que cette voiture, immatriculée DCV074 était celle de Paul Emick et que ce dernier ne se trouvait qu’à quelques encablures de lui lorsqu’il prit ces photos.

(1) A ne pas reproduire car trop dangereux et formellement interdit par le code de la route
(2) D’origine Argentine, diffusée par Buby, Collectors’s classics

21 juin 2006

6ème partie : Remise en route

Oreste-Paul Janfoutre, dit OPJ, revint au hangar où était enfermée la mystérieuse traction qu’il recherchait depuis plus de trente ans. En quelques heures seulement, il était parvenu à rassembler tout le matériel qui allait lui permettre de la remettre en marche, notamment une batterie 6 volts, de l’huile, de l’eau, de l’essence et bien sûr, quatre pneus en bon état avec l’outillage nécessaire pour les monter.

Il n’était pas très calé en mécanique, mais il avait passé pas mal d’heures sous le capot de sa 403 et connaissait l’essentiel. Le moteur de la traction semblait de toutes façons en excellent état.

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Sur la porte du hangar il trouva un morceau de papier collé avec un chewing-gum. Sur ce papier avait été tapé à la machine : "Vous avez ouvert cette porte que j’ai fermé il y a trente ans. Sachez que je ne ferai rien pour entraver votre projet. Je suis même soulagé que vous me débarrassiez de ce fardeau. Mais quoi qu’il arrive, n’espérez pas mon aide".

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Le message n’était pas signé mais Oreste-Paul devina facilement qu’il était l’oeuvre ce cher Horace Caille, le commandant de gendarmerie à la retraite. Celui qui lui avait échangé l'adresse de la cachette de la traction contre des preuves bidons contre son ex-femme lors de son divorce. "Ce type n’avait pas été un modèle de courage au cours de son divorce, il restera décidément un lâche jusqu’au bout..." Soupira Oreste-Paul. "La seule chose de bien qu’il ait eu le courage de faire est de ne pas avoir détruit la traction, et encore, il l’a certainement fait par peur d’une malédiction quelconque. S’il ne s’oppose pas à moi, c’est tant mieux, il doit se dire que c’est sur moi que la malédiction s’abattra !". Cette idée le fit d’abord sourire... Puis lui donna froid dans le dos…

"Allons !" Se dit-il pour se redonner du courage "Je ne vais pas me mettre à avoir peur moi aussi ! Par ailleurs, ce pourri de Ricard-Troplein est au Panthéon et l’opposition au pouvoir depuis 15 ans, tout le monde a oublié cette vieille affaire, elle ne gênera plus personne.".

OPJ se disait qu'il était sur le point de montrer la vérité à tout le pays. Il demanderai ensuite réparation à FCF, il irait jusqu’au procès pour obtenir un maximum de fric de ces enfoirés qui avaient contribué à briser sa carrière. Il avait accumulé toutes les preuves de la machination dont il avait été victime. Toutes ou presque, car il lui manquait encore la clé de toute l’affaire : La preuve que la traction était véritablement animée par une force mystérieuse, qu’elle était "hantée" comme il l’avait écrit dans son article.

Avant de réunir des témoins et de convoquer la presse, il devait toutefois en être sûr ! Il n’était pas question pour lui de se ridiculiser une seconde fois… C’était la quête de sa vie, mais depuis quelques jours, OPJ n’avait plus aucune certitude…

Il se mit au travail. Il installa la batterie, changea l’huile, l’eau, les filtres, fit le plein et tenta de démarrer le moteur. A sa grande joie, le vieux quatre cylindres démarra dans un nuage de fumée après plusieurs coups de démarreur. "Ca marche !" s’écria t-il, comme s’il lançait le premier cri d’une victoire qu’il sentait toute proche… Il changea ensuite les pneus...

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A l’aide de crics, il reposa la traction sur ses roues. Il s’assit victorieux derrière le volant et essaya à nouveau de démarrer. Mais cette fois, le moteur ne voulu rien savoir. Il essaya et essaya encore, il utilisa même la manivelle… Il n’y avait rien à faire. Il ouvrit le capot, mais le hangar était sombre et il voyait mal, alors il décida de sortir la voiture en la poussant pour y voir plus clair.

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Tout semblait pourtant parfait. C’était à n’y rien comprendre… "C’est bien ma veine" pesta OPJ, "Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire maintenant si cette maudite voiture refuse de démarrer ?".

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L’excitation retombant quelque peu, il sentit la fatigue monter en lui. Il n’avait pas arrêté depuis minuit. Il alluma une cigarette et fit quelques pas dans le chemin pour réfléchir.

En quelques minutes, une épaisse brume s’était levée et un froid glacial transperça sa fine chemise...

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Il frissonna en se disant que ce devait être la fatigue. Il regardait la traction. La brume devenait si épaisse qu’elle obscurcissait complètement le ciel, on aurait dit que la nuit tombait, OPJ regarda sa montre, il n'était pourtant que quatre heures de l'après-midi et c'était le mois de juin...

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Oreste-Paul tourna les talons et s’éloigna en direction de sa 403 pour chercher sa veste, posée sur le siège arrière. Il marchait à grands pas lorsque, dans son dos, un grondement mécanique le fit sursauter. Il se retourna. C'était la traction qui venait de se mettre en marche toute seule.

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Pétrifié par ce spectacle, Oreste-Paul vit les roues avant patiner dans le chemin de terre et la voiture s’élancer à vive allure dans sa direction...

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A suivre…

19 juin 2006

5ème partie : Rencontre du 11ème type

Le cœur battant à tout rompre, Oreste-Paul Janfoutre ouvrit, non sans peine, les deux battants de la vieille porte de bois. La traction 11 qu’il recherchait depuis si longtemps s’offrait maintenant à son regard. Dans la pénombre du clair de lune, elle reposait sous une épaisse couche de poussière…

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Il eut un tel choc en revoyant cette voiture qu’il ne put entrer dans le petit hangar. Il s’éloigna à reculon et alla s’asseoir dans le chemin. C’était trop d’un coup, il avait besoin de faire le point. Il vida son flacon de rhum en observant la traction à distance. Elle était là, devant lui. Cet objet tant convoité, qui hantait ses cauchemars depuis tant d’années…

Le jour se leva, Oreste avait du mal à rassembler ses idées. Que devait-il faire à présent ? Trente ans plus tôt, il avait vu des ses yeux cette voiture tenter de fausser, toute seule, compagnie aux gendarmes, faire rugir son moteur, tirer sur sa chaîne… Toutes ses images se bousculaient dans sa tête… Et si il avait rêvé ? C’était tellement loin tout ça… S’il était tout simplement en train de devenir complètement fou ?

Il avait tant attendu, espéré ce moment et maintenant qu’il était au pied du mur… Il se sentait totalement désemparé. De ses gros yeux vitrés et poussiéreux, la voiture semblait le regarder avec attention…

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Elle avait été posée sur deux gros morceaux de poutres. Sans doute une précaution pour que ses roues ne touchent pas le sol se dit Oreste. La seule manière de savoir était de reposer la voiture sur ses roues et de voir ce qui allait se passer. Il se leva et s'approcha à nouveau du hangar. Il entra et fit le tour de la traction, une fine poussière se soulevait à chacun de ses pas. Il ne vit aucune autre trace de pas que les siens autour de la voiture...

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Il ouvrit le capot, la mécanique était en très bon état, c'en était même surprenant. Le moteur n'était pas bloqué. Il inspecta les pneus et constata qu’ils avaient tous été crevés d’un coup de couteau. De toute manière, après trente ans, même sans ça, ils auraient été hors d’usage. Il fallait les changer.

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OPJ referma les portes et s’en alla à la recherche de pneus, d’essence et du matériel qui allait pouvoir lui permettre de remettre en route cette vieille voiture.

Avant de quitter le hangar, il avait pris soin de prendre quelques photos noir et blanc avec son vieux Leica (Oreste était un nostalgique de cette époque lointaine où, pour lui, la réussite était encore possible). Si jamais la traction n’était plus là à son retour, il aurait au moins, pour lui-même, quelques preuves de ce qu’il venait de voir...

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A suivre…

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