2ème partie : Les ravages du temps
Chloé, c’est ainsi que l’avait surnommée Mathilde, la cadette du Docteur Bernard, commençait à souffrir sérieusement des outrages du temps. La veille dame, abandonnée des hommes au bord d’un pré, aimait, certaines nuits, parcourir le chemin que son ancien propriétaire empruntait pour conduire sa fille Mathilde à l’école.
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Même si cette traction commençait à faire sérieusement démodée dans le paysage automobile des années 50, la petite n’était pas peu fière de la belle 11 noire de son père quelle surnommait aussi son "carosse" !
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Le Docteur aimait prendre des raccourcis pour sillonner la campagne et Chloé, très à l’aise sur ces chemins de terre, adorait ça ! C’est au cours de l’une de ses escapades nocturnes, dans un petit chemin vicinal, qu’elle se dit une fois de plus que si la rouille continuait à la ronger de la sorte, elle ne serait bientôt plus capable d’effectuer un tour de roue. Elle avait plusieurs fois longuement réfléchi à ce problème, mais que faire ? Sans compter qu’elle risquait sans cesse d’être envoyée à la ferraille. Elle tremblait à chaque fois qu’elle sentait qu’un véhicule porte-auto passait près d’elle. Déjà qu'un malotru lui avait volé un phare quelques années plus tôt...
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Chloé devait imaginer le moyen d’attirer l’attention sur elle et trouver quelqu’un qui l’adopte et la répare. Mais qui s’intéresserait à un tas de rouille pareil ?
Ce soir là, en arpentant la campagne plus loin qu’à son habitude, Chloé senti la présence de deux tractions à proximité. Elle s’approcha discrètement, phare éteint, d’un petit hangar en briques.
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Devant le hagard étaient garées une DS et une 2CV, à l’intérieur : quatre anciennes Citroën, toutes dans un superbe état. Le hangar semblait calme, Chloé risqua un petit coup de phare pour mieux distinguer l’intérieur…
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"C’est ma chance !" se dit-elle, les gens qui possèdent ces voitures sauront s’occuper de moi ! Elle se gara devant le hangar à côté d’une belle DS en se disant qu'elle serait rapidement découverte au lever du jour.
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Chloé était très inquiète cependant. "Et si ils me jugeaient irrécupérable et qu’ils m’envoient à la ferraille ? Où pire, qu’ils me désossent pour récupérer mes organes se disait-elle angoissée ?"
Elle jouait quitte ou double sur ce coup là !
… A suivre